Fauchage raisonné : argument écologique ou économique ?
Vous avez sûrement déjà entendu cette phrase iconique : "Fauchage raisonné, nature protégée !"

Pour ceux qui ne le savent pas, le fauchage du bord des routes n'a pas toujours été monnaie courante. C'est en 1970 que celui-ci s'est développé.
« Les conséquences de ces pratiques ont contribué à une raréfaction de la faune et de la flore locales et à l'appauvrissement des paysages », selon la charte Zéro Pesticides.
Selon les scientifiques, le fauchage intensif tue 70 % de la biodiversité, ne permet plus aux fleurs de s'épanouir et favorise la prédominance des herbes hautes, nécessitant des tontes répétées. Depuis 30 ans, nous constatons un effondrement de 30 % des populations d'oiseaux et de 80 % des insectes, principalement à cause de la destruction de leur habitat.
C'est dans ce contexte que, 20 ans après, le fauchage raisonné est apparu. L'idée était de trouver un équilibre entre l'entretien des espaces verts, notamment le long des routes, et la préservation de la faune et de la flore.
L'argument écologique de cette pratique n'est aujourd'hui plus à démontrer : en effet, les vertus du fauchage tardif sont prouvées. Même les plus réticents à cette pratique sont d'accord pour dire que le fauchage raisonné permet de préserver la biodiversité.
Mais est-ce que les vraies raisons de ce forcing ne sont pas plus économiques qu'écologiques ?
Parlons réglementation
Pour l'instant, il n'y a aucune réglementation qui impose le fauchage raisonné aux communes, mais celui-ci est vivement encouragé. Notamment, le Code de l'environnement impose aux collectivités locales et aux gestionnaires d'espaces naturels de prendre des mesures dans le sens de la protection de la biodiversité.
Cela inclut la gestion des espaces verts de manière à favoriser la diversité des espèces végétales et animales. Il y a aussi le Plan National Biodiversité, qui encourage à limiter l'utilisation de produits phytosanitaires et à adopter des techniques de gestion différenciée comme le fauchage raisonné.
À l'échelle européenne, cette pratique est aussi vivement encouragée avec de nombreuses directives telles que la Directive Habitat, qui incite les États membres à protéger les habitats naturels et les espèces sauvages. Le fauchage raisonné peut être un moyen de répondre à ces exigences en réduisant l'impact sur les habitats lors de l'entretien des espaces verts.
En dehors des réglementations et des directives, lorsque vous pratiquez le fauchage raisonné, vous pouvez obtenir des labels comme "Villes et Villages Fleuris", même si ce label est donné à tour de bras, notamment à des villages pas fleuris du tout ! Ce label permet d'obtenir de nombreuses subventions, qui deviennent un enjeu financier pour les petites communes comptant dessus pour développer des projets.
Maintenant, les gains financiers
Pour résumer, aujourd'hui, personne n'impose cette pratique, mais elle est fortement encouragée. En outre, pas besoin d'obligation pour se rendre compte que cette pratique est plus qu'intéressante financièrement. Il faut quand même se rappeler que, lorsque cette pratique a commencé, certains irréductibles Gaulois criaient au scandale, avançant que le fauchage raisonné augmentait le taux d'accidents car celui-ci réduisait la visibilité.
À ce jour, de nombreuses études ont été réalisées sur les impacts de cette pratique sur la sécurité routière. Le nombre d'accidents sur ces routes n'est pas considérablement plus élevé.
Selon la plupart des communes, qui ne s'en cachent pas, le fauchage raisonné diminue fortement les coûts de main-d'œuvre. En effet, la quantité de travail est réduite grâce à une diminution de la fréquence des coupes et au fait de ne faucher qu'une partie des zones à chaque passage. La charge de travail serait divisée par 2 ou 3 avec cette méthode.
Le fauchage raisonné permet également une meilleure captation des eaux de pluie et limite l'érosion.
Intérêt économique : diminuer les coûts d'entretien (gasoil, matériel), financés par les impôts locaux. Le fauchage raisonné réduit de 30 % à 50 % le budget attribué à ce poste.
Les intérêts économiques peuvent être plus indirects que la simple réduction des coûts de main-d'œuvre et de carburant. Le fauchage raisonné permet aussi une meilleure gestion des eaux de pluie et prévient l'érosion. Il contribue ainsi à éviter certaines catastrophes naturelles, qui auraient coûté cher à la commune et qui ne sont pas toujours prévisibles.
Cet exemple nous permet de nous questionner sur notre manière d'agir pour la préservation de la biodiversité. En effet, si le fauchage raisonné n'avait pas été financièrement intéressant, celui-ci n'aurait pas été adopté par une majorité de communes.
Ici, l'argument financier permet de faire avancer la cause de la protection de l'environnement : tout le monde est gagnant, les économistes capitalistes comme notre chargé de com' chez les Gars du Labo, et les écolos qui écrivent ce podcast.
Cependant, il y a plein d'autres cas où l'argument financier dessert la cause écologique. Cet exemple permet donc de se questionner sur la manière d'organiser la protection de l'environnement pour que celle-ci soit économiquement intéressante, que les citoyens ne se sentent pas abandonnés et qu'ils se sentent concernés.
Les Gars du Labo
Source :
Fauchage raisonné — Wikipédia (wikipedia.org)
Le fauchage raisonne entre les équilibres (lanouvellerepublique.fr)
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